A propos de la série " Souvenirs rêvés" : Retour sur l’irrémédiable
« Les regards, les gestes, les émotions ne meurent pas, ils traversent le temps comme autant de traces tangibles d’existences, d’amour, de tendresse, de rivalités et de déceptions sans fin, même si au moment où la scène a été prise, elle contenait sa propre fin.
Jean-Robert Franco saisit, par arrêt sur image, ces instants où quelque chose des protagonistes se lit, souvent même à leur insu. Il travers le temps, remet en scène des personnages en les redisposant dans des situations qu’il photographie, quarante ans plus tard. Des scènes distribuées en série qui racontent une histoire, celle qui a été, celle qui est advenue, celle qui aurait pu être.
C’est entre fiction et réalité que se situe la démarche de Jean-Robert Franco. C’est à partir de films tournés par son père, dans les années cinquante, où à partir de ses propres photographies actuelles qu’il recompose le passé, le sien, celui de ses proches, celui des autres, en le capturant dans de nouvelles images, en le redéfinissant dans une nouvelle figuration, un nouveau montage.
Dans la série « Le départ », Jean-Robert Franco réinvente un passé qui fut réel. C’est lui, aujourd’hui, qui se photographie enfant ; c’est lui qui fait rejouer à ces parents cette scène, c’est lui qui refixe dans une nouvelle distribution. Les œuvres de Jean-Robert Franco nous indiquent le travail de la mémoire, le partage du vrai et du faux, du visible et de l’invisible. De quoi sommes-nous comptables en ce qui concerne ce qui n’est plus, notre enfance, nos parents ? Il semble que ce soit cette question qui guide le travail plastique de Jean-Robert Franco. Et c’est par la recherche de l’intrigue, de l’énigme qui scelle ceux qui ont été proches, qu’il tente d’y répondre. »
Martine Vantses
A propos de la série " Photographies photographies" : Toujours sur Nice
« On croit que tout a été dit de Nice. Il suffit de découvrir les photographies de Jean-Robert Franco pour savoir qu’on peut réinventer la ville, la mer et les couleurs. Rarement en effet un artiste a œuvré avec autant d’intelligence pour confronter le bleu du ciel et de la mer avec l’ocre, et les séparer par la fracture nette des lignes : rambarde, barrière, façades, grilles, colonnes. Rarement aussi la précision de la frontière a été autant mise en évidence, opposant la lumière et l’ombre. Le corps des baigneurs apparaît dans un tel jeu de surfaces comme un volume désincarné, objet saisi dans sa matérialité, masse entre les masses. De ces croisements de surface, de ces intersections surgit une vision personnelle : une Nice austère et droite. Celle que je rêve. »
Max Gallo